Ma chère lectrice, mon cher lecteur,
Il est devenu d’usage de présenter en guise de vœux des prédictions chocs et même scandaleuses pour l’année à venir :
- Assassinat de Joe Biden ou de son fils Hunter,
- Formation d’un IVe Reich en Allemagne ou effondrement de la République Populaire de Chine,
- Boom stellaire sur les marchés ou krach vertigineux en Bourse,
- Maîtrise de la fusion nucléaire, révolution quantique ou effondrement énergétique,
- Conquête de Mars ou fin de l’aviation commerciale,
- Hyperinflation et envolée de l’or ou démission d’Emmanuel Macron,
- Explosion de l’Union Européenne ou d’une bombe nucléaire
- …
Les prédictions doivent être très excessives mais garder un semblant de plausibilité : à la manière d’un film hollywoodien, elles doivent refléter les névroses du temps. Tout le monde se fiche en revanche qu’elles se réalisent ou non ; personne ne tient les comptes.
La pratique est ancienne dans les milieux financiers et l’on a longtemps attendu les « bonbons » piquants de Steen Jakobsen, économiste en chef de Saxo Bank et maître du genre avec ses « outrageous predictions », savant mélange de burlesque et d’analyse de marché.
La réalité devenue plus scandaleuse que ses scandaleuses prédictions, il a passé la main après 2020. Sage décision.
Longtemps l’exercice a pu prétendre stimuler un peu nos cerveaux endormis dans les cotillons, vins effervescents et antiennes télévisées. D’un excès l’autre, ces « prédictions » nous rappelaient que l’histoire endormie ne demandait qu’un baiser de Judas, pour se réveiller.
Mais le COVID et l’Ukraine ont fini d’enlever tout intérêt à cette spéculation, la réalité dépassant de loin la fiction cathartique et c’est bien sûr maintenant que la mode de la prédiction outrageuse sort du milieu financier et se popularise dans le cirque médiatique.
Cette année Dmitri Medvedev a livré une copie remarquée (le IVe Reich et la démission de Macron lui reviennent) : Il nous rappelle au moins qu’une bonne partie de la population mondiale a des aspirations et angoisses fort différentes des banques et de BFM.
Tout ceci est fort distrayant et parfaitement inutile. C’est un pur divertissement au sens pascalien, un spectacle auraient dit Marx et Debord : C’est-à-dire qu’il nous éloigne aussi bien de la réalité que des aspirations et besoins profonds de l’Homme.
Ces prédictions rappellent les célèbres cygnes noirs de Nassim Taleb : Ces événements imprévisibles qui changent radicalement nos perspectives.
Le travail de Taleb a le grand mérite de nous rappeler que le monde est fractal et non gaussien, qu’il est fait de ruptures violentes et non de moyennes standardisées.
Mais il trouve des limites rapidement, notamment dans son idée même de cygne noir en référence à la découverte de l’Australie et de ses cygnes à plumage noir qui détruisit en un jour une vérité millénaire en Occident : tous les cygnes sont blancs. Il n’y a pas eu de dégradé de gris entre les deux, pas de moyenne.
Si Taleb, excellent microstatisticien, observe brillamment l’empilement des biais et des imperfections dans les systèmes complexes qui finissent toujours par créer des événements violents et imprévus, il ignore magistralement l’observation simple des cycles économiques.
Il reste à la surface.
L’important est que des événements comme le conflit ukrainien ou même la crise covidiste sont des conséquences et non des causes.
Clément Juglar a des lignes extraordinaires dès 1862 dans son analyse des crises commerciales et de leur retour périodique sur les causes des malheurs du monde : On accuse les mauvaises récoltes, les guerres, les crises extérieures alors qu’ils ne sont que des révélateurs de causes plus profondes :
Dans une société capitaliste, ce sont les cycles du crédit qui ordonnent la marche du monde : C’est parce que nous sommes en train d’achever un cycle court en même temps qu’un cycle long de crédit que des événements cataclysmiques se produisent, réunion d’événements rares, de réactions insensées et d’interprétations névrosées.
De manière plus générale, c’est la capacité — ou non — à mobiliser des ressources qui est au cœur de tout système humain (et même vivant), que ce soit une ressource militaire au temps des aristocraties d’épée, une ressource politique par les aristocraties de robe ou une ressource monétaire par une aristocratie d’argent.
Si nous vivons une époque de fin d’abondance, ce n’est pas à cause d’externalités matérielles, militaires ou politiques mais par notre échec à mobiliser efficacement des ressources pour faire face aux enjeux de notre temps.
Avant de nous projeter encore faut-il faire le constat simple, terriblement simple : Les promesses ne sont plus solvables.
Par quel dérangement intellectuel avons-nous réussi à nous enfermer collectivement des mois entiers à nous empêcher de vivre sans bénéfice visible ?
Je prétends que jamais nous ne nous serions tétanisés ainsi en temps normal : L’argent a tenu la santé en l’état.
Par quel dérangement social acceptons-nous la prédation destructrice de milliardaires à la Drahi, Kretinsky ou Niel ou la facture à 250 milliards du régime spécial des cheminots ou encore le suicide bruxellois ou les millions d’emplois à la con qui détruisent plus de valeurs qu’ils n’en créent…
Tous ces dysfonctionnements ont en commun d’être ancrés dans la fiction d’un système épuisé devenu incapable de s’adapter au réel.
Les promesses sont insolvables.
Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres.
Face à l’alternative entre inflation et dépression qui n’en est pas une, vous connaissez mon choix : revenez au réel, quittez la promesse pour la richesse réelle, intérieure, humaine, matérielle : Le produit frais plutôt que son image mensongère sur l’étiquette d’un plat préparé, la détention d’actifs réels plutôt que leurs promesses de papier (or, immobilier, matières premières, moyens de production), l’introspection plutôt que le divertissement, l’amitié plutôt que le Twitter… L’effort avant le réconfort.
Les promesses sont insolvables mon cher lecteur.
L’année peut bien nous réserver son lot de destructions et mauvaises surprises — Et elle le fera assurément car après avoir épuisé notre capacité à mobiliser nos richesses nous avons même épuisé nos capacités à mobiliser nos rêves et nos angoisses : Si le constat est accablant, le salut réside…
Le salut réside dans le Salut.
Je ne sais pas ce qui adviendra en 2023 mais je nous souhaite de faire ce que nous avons à faire ; à trouver au fond de notre âme ce sursaut d’humanité qui échappe à toutes les statistiques, toutes les prédictions, toutes les fatalités.
Et n’attendons pas pour être heureux.
À votre bonne année,
Guy de La Fortelle
Je m’appelle Guy de La Fortelle et je rédige le service d’information GRATUIT et INDÉPENDANT : L’Investisseur sans Costume.
À partir d’aujourd’hui, je vais vous dire tous les secrets de l’économie et de la finance que les médias grands publics « oublient ».
J’ai écrit un article complet sur ANTI-VŒUXX
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À votre bonne fortune,
Guy de La Fortelle